“Love looks not with the eyes but with the mind” W. Shakespeare
S’est déroulé entre le 1er au 24 Décembre 2016 sous le chapiteau Shems’y à La Kasbah Gnaoua à Salé, le Chantier Spectacle (théâtre et cirque) Songe d’une nuit d’été de l’auteur élisabéthain, William Shakespeare (1595-1596). Il s’agit d’un projet réunissant l’ISADAC (L’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle) et l’école nationale de cirque Shems’y. Un travail entre circassiens et acteurs encadré par Karim TROUSSI ; Noureddine ZIOUAL et Imad BOUARI.
Après avoir franchi le seuil d’entrée du chapiteau le spectateur découvre une scène aménagée en théâtre élisabéthain (référence à la reine d’Angleterre, Elisabeth Ier qui régna entre 1558 et 1603 protégeant le théâtre anglais qui porte son nom). Ce type de scène apparaît en 1575 : la scène avance dans le public qui assiste au spectacle sur plusieurs étages (voir croquis Histoire du théâtre dessinée, 1992 de André DEGAINE). En rentrant donc sous le chapiteau les spectateurs sont plongés plus facilement dans l’époque du XVIème et XVIIème siècle et ceci est favorisé par la présence de tables où sont servis plats et thé à la menthe, un endroit qui ressemble aussi à un cabaret. Au dessus de la piste, nous pouvons remarquer quelques branches d’arbres accrochées en hauteur, qui peuvent nous donner une idée sur le lieu où se passe la plus grande partie de l’intrigue : une forêt.
L’histoire se situe durant l’Antiquité et plus précisément, dans la ville d’Athènes, lieu de démocratie et de paroles. Il s’agit de la confrontation de trois mondes : celui de deux jeunes couples athéniens, « nobles » victimes de l’autorité parentale et d’un sortilège que rendra très compliquée leurs amours, celui de la confrontation de OBERON et de TITANIA, respectivement roi et reine des fées qui se disputent la garde d’un enfant, et enfin celui des pauvres artisans improvisés comédiens et ravis de répéter une pièce pour les noces du roi. Ces trois mondes vont s’entremêler lors d’une nuit dans une forêt mystérieuse peuplée de fées dont PUCK qui contribuera à une fin heureuse. Les jeunes couples athéniens après un long sommeil oublient les tensions, la reine Titania et le roi Obéron se réconcilient et enfin la pièce est clôturée par la représentation des artisans de leur pièce en l’honneur des noces que les fées viennent bénir.
Ce spectacle a permis au public de découvrir ou redécouvrir l’oeuvre de Shakespeare sous un angle nouveau. Le travail des circassiens dont les acrobaties spectaculaires suscitaient des effets de surprise ont permis une meilleure familiarisation du public au travail de Shakespeare, une meilleure cohérence de l’intrigue. De plus l’esthétique, les sons, les jeux d’ombres et les acrobaties soulignent les états et les émotions des personnages. Après avoir échangé avec Monsieur Noureddine ZIOUAL, metteur en scène, pédagogue et l’un des encadreurs artistiques du projet nous avons appris que la pièce Songe d’une nuit d’été est une pièce à part, difficile à classer car elle oscille entre tristesse et amusement, entre tragédie, farce et poésie. A cela s’ajoute la mise en abyme de la pièce des artisans qui relève du burlesque. C’est aussi une pièce qui évoque l’autorité parentale ou royale et le fait de s’y soustraire, elle donne ainsi libre jeu aux passions et à l’imaginaire dans la forêt, qui n’est d’ailleurs qu’une métaphore ; on peut dire que le projet a été réussi car il a fait travailler l’imagination des spectateurs, un des enjeux de Shakespeare.
Youssef El Alaoui, 2nde 2