La théorie de l’effondrement devient de plus en plus populaire dans un monde où une grave crise écologique sévit. Pour les partisans de cette doctrine, la fin du monde tel qu’on le connaît approche à grands pas… peut-être même est-il trop tard pour la repousser.
« Un collapsologue, c’est quelqu’un qui s’intéresse à l’effondrement de notre civilisation et qui rassemble des preuves, des chiffres, des faits, des hypothèses, des scénarios. » explique Pablo Servigne d’une voix claire et assurée. L’ingénieur agronome doctorant en biologie est devenu le visage français de la collapsologie (de l’anglais to collapse, s’effondrer), depuis la parution de Comment tout peut s’effondrer (Éditions Seuil, 2015), vendus à plus de 100,000 exemplaires (dont la moitié en 2019). Pablo Servigne et Raphaël Stevens y expliquent ce qu’un nombre croissant de chercheurs documentent : nous ne sommes plus à l’aube d’une crise écologique ; elle a déjà eu lieu. Si l’ouvrage a connu un tel succès, c’est parce que cette théorie de bouleversement irréversible est soutenue par de nombreux évènements : feux de forêt ravageurs en Australie, épidémie de coronavirus en Chine, risque imminent d’une Troisième Guerre mondiale.
Notre civilisation industrielle, édifiée sur une énergie crue abondante et une croissance continue, n’est plus soutenable. Elle se lance tête la première dans un précipice et il est trop tard pour éviter l’impact. Dérèglement climatique, difficultés économiques, crise migratoire, la catastrophe a déjà commencé et les deux auteurs créent alors cette nouvelle discipline scientifique : la collapsologie, l’étude du désastre. Pour faire simple, c’est la mise en commun de toutes les études scientifiques dont nous disposons afin d’en croiser les informations et donc les thématiques : finance, économie, environnement, démographie, énergie, biodiversité… Ceci afin de faire le bilan de l’état de notre société et la trajectoire dans laquelle s’est engouffrée l’humanité. Ainsi, l’épuisement des ressources en énergie fossile sur lesquelles tout notre système de civilisation industrielle a été bâti (l’alimentation, le transport, le chauffage…), conduirait à un écroulement de notre société.
Récemment portée à la connaissance du grand public, cette idée n’a rien de nouveau. En 1972, le rapport Meadows, réalisé par le MIT (Massachusetts Institute of Technology, États-Unis), prévoyait cet effondrement aux alentours de 2030. Une étude publiée par Nature en 2009 définissait neufs seuils critiques au-delà desquels la vie ne pourrait subsister sur la planète, dont quatre étaient déjà dépassés.
Le scénario de la collapsologie, qui se fonde sur des éléments scientifiques, pénètre souvent le champ des émotions. Pour certains, cette perspective catastrophiste pousse à l’action, à l’anticipation, ou même à un changement radical.
En conclusion, il serait peut-être temps pour vous de commencer à stocker des boîtes de conserve, de creuser un puits dans votre jardin, et d’enfiler vos gants de jardinier. À vos pelles !
Selma Mazioud,
Janvier 2020
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