Le mercredi 12 octobre, l’accord d’un programme sur le nucléaire civil entre la fédération de Russie et le royaume du Maroc à des fins pacifiques a été annoncé par la TASS.
L’agence de presse russe, la TASS, a, ce mercredi 12 octobre, rapporté que le conseil des ministres russe a approuvé un accord de coopération entre le Maroc et la Russie sur le nucléaire civil, afin que cette-dernière puisse assister le royaume chérifien dans le domaine de l’énergie nucléaire. Ce projet n’est pas nouveau, en effet, il s’agit de la ratification d’un accord qui avait déjà été signé en 2017 par ces deux nations.
Tout d’abord qu’est ce que le nucléaire civil ?
Le nucléaire civil est une source d’énergie, considéré ni comme renouvelable ni comme fossile; l’uranium extrait pour la production d’énergie nucléaire n’étant pas infini (donc non renouvelable) et la production de cette énergie ne libérant aucune trace de dioxyde de carbone (énergie décarbonée), on situe souvent l’énergie nucléaire entre l’énergie renouvelable et l’énergie fossile.
Cette énergie s’obtient par la fission nucléaire de l’uranium. Cette fission relâche énormément d’énergie, ce qui permet la production d’électricité. On qualifie cette énergie de nucléaire “civil” car elle s’oppose au nucléaire “militaire”, définissant l’exploitation d’énergie nucléaire afin de construire des armes atomiques.
Le Maroc tente donc de se doter de cette énergie et sera soutenu par la fédération Russe, qui lui apportera son aide et son expertise.
Pourquoi le Maroc veut-il posséder l’énergie nucléaire ?
Le projet marocain de disposer de l’énergie nucléaire est un projet de longue date, qui remonte aux années 80, après le premier choc pétrolier. En effet, le Maroc possède déjà, depuis 2003, un centre d’études nucléaires de la Maâmora disposant d’un réacteur. Utilisé à des fins scientifiques dans le domaine médical, de l’industrie et de l’agriculture, il est géré par le CNESTEN (Centre National de l’Energie, des Sciences et des Techniques Nucléaires). Le Royaume veut donc développer ce secteur, et recevra de l’aide de la part de la Russie.
Le Maroc s’intéresse à cette énergie, car cette-dernière n’émet aucun rejet de dioxyde de carbone, ce qui en fait une énergie propre. Le Royaume, s’étant fixé comme objectif d’atteindre 52% d’énergies renouvelables de son mix énergétique d’ici 2030, le nucléaire pourrait être l’une des solutions (le nucléaire étant considéré comme renouvelable au Maroc), en plus des programmes solaires, éoliens et hydrauliques mis en place ces dernières décennies, afin d’abandonner les énergies fossiles, comme le charbon . D’autant plus qu’en cette période d’inflation et de l’augmentation du prix du gaz, du charbon et du pétrole, le Maroc cherche des alternatives pour faire face à une production d’électricité de plus en plus coûteuse à partir d’énergies fossiles et éviter une crise énergétique.
Il faut aussi noter que ce programme de nucléaire civil permettra également au Royaume d’alimenter en énergie les stations de dessalement du pays. En effet, il faut savoir que le Maroc connaît une pénurie hydrique (620m3 d’eau/habitant/an), et pour répondre à ces besoins en eau de plus en plus croissants, l’installation d’usines de dessalement semble être la solution adéquate. Le problème, c’est qu’elles nécessitent une grande alimentation en électricité, ce à quoi pourra répondre l’énergie nucléaire.
La Russie, au travers de la société publique russe Rosatom, aidera donc également à la conception et la création d’usines de dessalement au Maroc, comme spécifié dans le traité.
Mais de quoi est-il question dans ce traité ?
Cet accord signé par le Maroc et la Russie prévoit la coopération de ces deux nations dans pas moins de 14 domaines. En plus de l’installation et la conception d’usines de dessalement, il est également prévu que la fédération Russe apporte son aide et son expertise dans la conception et création de réacteurs nucléaires ainsi que l’amélioration des infrastructures d’énergie nucléaire.
Elle apportera également son aide quant à la gestion des déchets radioactifs, la formation du personnel chargé d’entretenir, de réglementer et de travailler dans les centrales nucléaires, mais aussi l’exploration et le développement de gisements d’uranium, nécessaire à la production d’énergie nucléaire.
La Russie est-elle le seul collaborateur du Maroc sur le plan du nucléaire civil ?
Avant la ratification de ce traité ce mercredi 12 octobre, le Royaume chérifien développait déjà ce secteur du nucléaire avec d’autres Etats. Un mémorandum avait déjà été signé en mai de cette année avec l’Arabie saoudite concernant une coopération entre ces deux États à propos des énergies renouvelables mais aussi du nucléaire. Le Maroc pourrait également se tourner vers Israël, avec qui les relations bilatérales et la coopération militaire se portent de mieux en mieux. L’Etat hebreu se dit prédisposé à mettre leur technologie nucléaire à la disposition des pays arabes ayant signé les accords d’Abraham, accords qu’a signé le Maroc, peu de temps après le Bahreïn et les Emirats arabes unis. Des accords sur le nucléaire civil avec la France avaient aussi été signés en 2010 puis en 2014, mais rien ne semble avoir avancé.
Le Royaume peut tout de même compter sur l’AIEA, l’agence internationale de l’énergie atomique, car en janvier 2021, le CNESTEN a été désigné en tant que “premier Centre de collaboration de l’AIEA au niveau du continent africain pour l’utilisation des techniques nucléaires dans les domaines de la gestion de ressources en eau, la protection de l’environnement et des applications industrielles”. Il faut savoir que les relations bilatérales entre ces deux entités remontent à plusieurs années et qu’elles coopèrent dans de très nombreux domaines sur l’avancée du nucléaire civil.
Le nucléaire au Maroc, une solution durable ?
Le nucléaire a tout pour plaire au Maroc. Cette énergie pourrait contribuer à favoriser la transition énergétique du pays, tout comme elle alimenterait les stations de dessalement. Le Maroc diminuerait sa dépendance aux énergies fossiles et aux importations énergétiques, tout en diminuant le rejet de dioxyde de carbone. Le nucléaire semble donc être une solution sur le long terme, une solution durable pour le royaume chérifien, d’autant plus que ce-dernier a déjà pensé aux déchets nucléaires et à leur traitement, par l’aide de la fédération russe.
Mohamed Adnane Bensaid
Le Desk, Hespress, TV5MONDE Info, Medias24, Le Matin, Le360, IAEA.org, Challenge, Jeune Afrique, L’Economiste, telquel.ma, Yabiladi, Wikipedia
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