Depuis quelques mois déjà, de nombreuses polémiques planent autour de l’organisation de la Coupe du monde de football masculin 2022 par le Qatar. Les débats et les révélations s’intensifient à mesure que le début de la compétition approche :
Entre corruption, maltraitance des ouvriers et aspects climatiques, quels sont les faits et les causes de ce déferlement médiatique?
Le Qatar est un riche pays du Golfe qui compte moins de 3 millions d’habitants, et dont la richesse provient surtout du pétrole et du gaz présents dans ses sols. Mais comment un si petit pays, peu connu pour sa culture footballistique a pu décrocher l’organisation du plus grand événement sportif mondial ?
C’est 12 ans plus tôt, le 2 décembre 2010, que la FIFA (fédération internationale de football) annonce à la surprise de tous, l’organisation de la coupe du monde par le Qatar. S’en est suivi un grand étonnement face à ce choix et de nombreux soupçons et enquêtes de corruption concernant de nombreux dirigeants de la FIFA et des hommes politiques.
Un pays au climat désertique, où la température dépasse les 40°C en été, ne présente pas les conditions idéales pour un tournoi sportif.
Tout d’abord, le pays a dû s’attaquer à la construction de plusieurs stades pour pouvoir accueillir le million de spectateurs attendus sur le sol Qatari, dans des conditions où la chaleur serait supportable.
Ces stades ont nécessité beaucoup de main d’œuvre venue d’autres pays. En effet, d’après Amnesty International, 95% de la main-d’œuvre du Qatar est formée de travailleurs migrants, venus d’Inde, du Népal, du Pakistan, du Bangladesh… avec l’espoir et la volonté de venir en aide financière à leur famille. Cette “importation” de la main d’œuvre est très critiquée, surtout que le système de “kafala” ou parrainage, qui lie l’employeur et le migrant facilite l’abus et l’exploitation de ces travailleurs. De nombreux migrants se voient retirer leurs passeports dès leur arrivée au Qatar. Les ouvriers étrangers chargés de la construction des stades travaillaient jusqu’à 15 heures par jour, vivaient entassés dans des camps avec des équipements et une hygiène exécrables et percevaient des salaires misérables, toujours selon Amnesty International. Enfin, le nombre d’ouvriers décédés sur leur lieu de travail a engendré l’indignation du monde entier. D’après le journal The Guardian, plus de 6500 ouvriers auraient trouvé la mort dans les chantiers depuis l’attribution de la Coupe du monde au Qatar. De nombreuses images de familles recevant le cercueil de leur défunt proche ont alarmé les ONG défendant les droits de l’Homme, en vain, puisqu’aucune mesure de sanctions envers le pays organisateur du mondial n’a été prise ni par la FIFA, ni par les autres pays. Cependant, et dans un pas sans précédent, l’équipe de football australienne qui participe à la compétition a récemment publié une vidéo dans laquelle les joueurs prennent la parole au sujet des conditions de travail des ouvriers qui ont œuvrés dans ces stades. Elle est aujourd’hui la seule équipe à avoir pris la parole à ce sujet.
Si nombreux sont ceux qui appellent au boycott de cette coupe du monde, à travers les sélections nationales, tels les journalistes, les activistes ou encore de simples citoyens, il semble compliqué d’avoir des répercussions majeures à quelques semaines du lancement du tournoi.
Outre les conditions de vie des ouvriers, l’impact écologique de cette coupe du monde est énorme, de l’avis de plusieurs instances et ONG du domaine tel Carbon Market Watch. L’Émirat a déboursé plus de 220 milliards de dollars pour pouvoir organiser cette compétition, il s’agit tout simplement de la plus chère de l’histoire. Une grande partie de cet énorme budget a été utilisée pour construire des stades climatisés, afin de rendre l’atmosphère respirable. Des stades climatisés en pleine crise climatique, cela a eu le don d’en indigner de nombreux à travers le monde, écologistes ou non, ils sont nombreux à la qualifier d’hérésie écologique.
Par Exemple, la compétition devrait avoir une empreinte carbone de 3,63 millions de tonnes de dioxyde de carbone, sachant qu’une tonne de dioxyde de carbone représente plus de 5000 km parcourus en voiture, cela nous laisse imaginer l’impact écologique, sans compter la pollution émise par la construction des nombreuses infrastructures.
Quelques interrogations peuvent être posées; “Pourquoi ne pas simplement avoir changé le pays d’organisation ?” vous diront certains, mais ne serait-ce pas un peu trop tard pour s’indigner à présent ? Le mal n’est-il pas déjà fait? Boycotter la Coupe du monde comme l’ancien footballeur français Eric Cantona serait-il utile, alors que les ouvriers maltraités sont déjà dans leurs cercueils et les stades prêts à accueillir le public?
Bientôt sera lancé le coup d’envoi des premiers matchs, mais aussi celui d’une autre catastrophe écologique !