2024 s’annonce être une année charnière pour un bon nombre de pays et pour la scène politique mondiale puisque ce sont plus d’une cinquantaine de pays où vont se dérouler des élections cette année. Du 15 au 17 mars 2024, c’était au tour des russes de s’exprimer et de choisir un nouveau président, alors que les tensions augmentent et l’étau se resserre autour de l’opposition. Retour sur ces élections controversées.
Tout d’abord, il faut noter que les élections russes ont eu lieu dans un contexte critique et tendu, sous fond de guerre contre l’Ukraine. En effet, quelques semaines avant le début des élections, l’Ukraine multiplie les attaques par drone, et la veille des élections, une attaque massive a été lancée. Le pays s’est défendu et a abattu au total 35 drones, dont 4 dans la région de Moscou. Selon le président, ces attaques avaient pour but d’apeurer les habitants et de semer le trouble dans le pays. Il déclara notamment que « Ces frappes ennemies ne resteront pas impunies ».
En outre, les élections se sont déroulées sans réelle opposition. Alexeï Navalny, principale figure de l’opposition, est décédé à 47 ans, dans des conditions encore ambigües durant son emprisonnement après une disparition de près de trois semaines fin 2023. De plus, l’opposition ayant participé est qualifiée d’opposition “de façade”, avec les trois candidats adhérents favorables au gouvernement et à l’invasion en Ukraine. En effet, le seul candidat opposé à l’invasion russe de l’Ukraine, a vu sa candidature rejetée. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a réagi suite à l’annonce des résultats, et a estimé que « L’élection en Russie a été une élection sans choix ».
Sans surprise, Vladimir Poutine a été élu président avec plus de 80% des voix, briguant ainsi son cinquième mandat, alors que la constitution n’en autorise que deux. Comment est-ce possible ? Grâce au référendum de 2022, qui a permis de réduire le nombre de mandats à 2 qu’ils soient consécutifs ou pas, mais aussi de réinitialiser le nombre de mandats effectués par le président à 0, l’autorisant ainsi à participer à sa réélection.
Mais, ce scrutin ne s’est pas déroulé dans des conditions optimales, avec de nombreuses ONG et médias russes dénonçant la fraude électorale, avec, dans certains bureaux de vote, un nombre de votes a été supérieur au nombre d’inscrits. En outre, l’équipe de Navalny, et Ioulia Navalnaïa sa veuve, a lancé une opération intitulée Midi contre Poutine, invitant les électeurs à se rendre nombreux à midi, pour montrer leur mécontentement. Selon le média indépendant Mediazona “À 11 h 55, il n’y avait aucune queue. À midi, il y avait une file de 80 personnes.”. Et avec ce mécontentement croissant de la population russe, on pourrait se demander si le régime actuel pourrait encore se maintenir.
AUTRICE: LAHRIZI Kenza