Géants puis souriceaux
Souriceaux, souriceaux, que voyez-vous ?
Si ce n’est les vieux murs à petits trous,
Où vos rêves envieux ne vont pas plus loin
Que le vol d’édam des voisins pourri de foin.
Que votre rose museau sente l’édam comme amour
Et qu’il vous aveugle de la misère bien autour !
Souriceaux, souriceaux, que vivez-vous ?
Si ce n’est l’inconsciente soumission et les joues
Rougies d’épuisement, et la veste puante de moutonné,
Que les géants tiennent follement à vous faire porter
Mais puisqu’il y a nourriture chaude
Dans votre panse et que vos souris en sont sûres,
Mais puisqu’il y a votre bidon-trou dans les humbles murs
Des Géants, et que vous pensez votre chambre chaude ;
Il n’y aura l’ombre d’une réclamation
De ce qui semble ne pas exister ;
Liberté terrorisante et lubie d’égalité,
Car sans conscience, il n’y aura liberté.
Que votre naïf museau sente l’édam comme amour
Et qu’il vous aveugle de la misère bien autour !
Quant à vous, Géants ! profitez, profitez bien !
Et de la vérité vraie, ne leur en dîtes rien !
Soukayna Abdouni
Illustration : « magnetic poetry » by surrealmuse is licensed under CC BY-NC-SA 2.0