Les stéréotypes s’agrippent et nous suivent jusque sur nos écrans
Il était une fois… Les Disney. Vous les avez vus, aimés, vous en connaissez les chansons par cœur. Petites vous vouliez être Blanche-Neige, Cendrillon, La Belle Au Bois Dormant. Les films Disney nous accompagnent tout au long de notre vie et véhiculent différents messages positifs ou négatifs.
Chaque année, les studios Disney touchent 200 millions de personnes dans le monde. Vous et moi en faisons probablement partie. Ces dessins-animés, que nous avons vus et revus, nous rappellent nos doux souvenirs d’enfance et aujourd’hui encore nous avons du plaisir à les revoir. Ces films d’animation que le monde entier chérit sont transmis ; on va en famille voir le dernier Disney, ou on ressort notre DVD favori pour le montrer à nos enfants, comme un héritage.
L’enfant, par le dessin-animé, peut s’identifier aux personnages et à leurs comportements et se reconnaissent dans leurs rapports aux autres. Il présente des similitudes avec ce que chacun connaît dans sa propre expérience sociale : la domination, le conflit, l’amour, la quête de soi… Cependant, le mélange entre films anciens et films récents peut porter à confusion. En effet, il semblerait que les vieux longs métrages de la firme véhiculent à un public d’enfants, des représentations traditionnelles. Effectivement, les premiers films réalisés par Walt Disney possèdent son « empreinte ». Il est loin d’être neutre, on y retrouve sa vision du monde et de la vie, et notamment le rôle des femmes. Au départ, il s’inspire des classes populaires issues principalement de migrations européennes. Mais ses films ont reçu beaucoup de critiques pour avoir relayé des clichés : un père qui doit absolument marier sa fille dans Aladin, Pocahontas tombe amoureuse du gentil colon… Pourtant, pour éviter les remarques négatives, Disney s’adapte. Pour Vaïana, son dernier film d’animation, on s’appuie sur des professionnels pour ne pas reproduire les clichés.
Disney, reflet de l’évolution de la société américaine
Amélie Canet, responsable de la marque Princesse chez Disney dit : « C’était important pour Walt Disney que ses héroïnes soient ancrées dans leurs époques ». Cependant, aujourd’hui encore ces clichés persistent. Ils semblent ancrés dans le temps et commencent seulement à faire réagir. Lorsqu’on voit qu’Ariel est prête à changer totalement de personnalité pour l’homme qu’elle aime et que Cendrillon est uniquement jugée sur sa beauté, on comprend les récentes polémiques à ce sujet.
Si Mulan et plus récemment Elsa (La reine des neiges) ont fait bouger les choses en se montrant plus affirmées, les stéréotypes physiques persistent néanmoins dans le temps. Effectivement, les princesses classiques sont inspirées des stars hollywoodiennes de leurs époques, jusqu’aux années 80, tous les personnages sont blanc de peau, et aujourd’hui encore, on voit sur nos écran des tailles de guêpe, des visages délicats et des chevelures tout droit sorties de salons de coiffure. Mais ce n’est pas tout, une étude américaine démontre que les personnages féminins de Disney peuvent aussi changer la vision du travail chez les jeunes filles. Effectivement, les classiques peignaient généralement les femmes comme des êtres faibles, inaptes au travail tandis que les Disney plus récents comme Zootopie montrent des femmes fortes, ambitieuses. Ces différents portraits apportent aux jeunes filles un message confus qui pourrait expliquer les attentes différentes dans le lieu de travail par rapport à celles des hommes et la progression plus lente dans leurs carrières. Cependant, les nouveaux personnages féminins plus indépendants pourraient aider la nouvelle génération de petites filles à être encore plus battantes.
Le but ultime des princesses classiques est de trouver leurs « princes charmants », de « vivre heureuses et d’avoir beaucoup d’enfants », mais cette image montre aux jeunes filles qu’une femme peut seulement avoir une fin heureuse en abandonnant ses rêves et ses talents pour l’homme qu’elle aime. De plus, il est important de préciser que ces rêves d’enfant peuvent les suivre à l’âge adulte. En effet, certaines femmes rêvent de vivre leur « mariage idéal » en se munissant d’une belle « robe de princesse » pour que celui-ci soit romantique et parfait. Il faut souligner que certaines femmes, sont touchées en grandissant par le « complexe de Cendrillon » qui traduit la peur de l’indépendance et donc le désir inconscient d’être prises en charge, d’être « sauvées » par le prince.
En 1938, un an après la sortie de Blanche-Neige, les studios Disney refusaient les candidatures de jeunes femmes qui souhaitaient rejoindre la firme en tant qu’animatrices, ces tâches étant réservées aux « jeunes hommes ». Aujourd’hui, les femmes, bien que minoritaires, ont pris part à l’aventure Disney, et ont certainement joué un rôle décisif dans l’évolution des héroïnes au cours de l’histoire du studio.
Ainsi, Disney aussi grandit et évolue et la firme se développe avec son temps pour que les petites filles d’aujourd’hui s’identifient à Elsa plutôt qu’à Blanche Neige. La progression n’est pas complète, mais après tout, le secret du bonheur est de rêver la vie en couleurs !
Rhita Bouabid