Hchouma, hram, aib ? Qui d’entre nous n’a jamais eu droit à ces trois mots comme frein à sa liberté ? Ces trois mots, pouvant paraître subtils à un premier abord ont en réalité un rôle prédominant qui contrôle notre vie de jeunes Arabes. Par peur du jugement, ce grand monstre qui hante notre société depuis la nuit des temps pousse la majorité d’entre nous à se fondre dans la masse. Niant ainsi notre singularité au prix de la “Raha” soit une conscience en paix. Grandissant ainsi avec des désirs refoulés qui font germer en nous cette « Hegra » (injustice), on finit par nous transformer nous aussi en ce monstre qui a la haine de l’autre. Ainsi dans ce monde de Hegra les “différents“, ceux qui ont fait le choix d’une orientation sexuelle qui s’oppose à celle prescrite par notre dogmatisme social, celui qui aura choisi de ne pas croire en Dieu, ou encore celui qui aura choisi de mener une vie de femme alors qu’il est né Homme seront bannis ! Radicalement bannis ! Mais alors comment pouvons-nous une seconde espérer que dans une société telle que la nôtre la différence ait sa place ? Le mot d’ordre est pourtant clair : si tu es différent nous te battrons jusqu’à la mort. Soit, il faut comprendre que si ce système d’auto-jugement marche si bien c’est parce qu’il s’est créé une sorte de cercle vicieux nous poussant sans cesse à critiquer l’autre, à le juger, à le dénigrer, à le haïr au point de vouloir l’éliminer. Car après tout comment toi tu t’es permis d’affirmer ainsi ta différence sans gêne alors que moi je n’en ai jamais eu le droit ? Il faudrait peut-être chercher en effet si tous ces hommes qui se déchaînent sur les homosexuels, les transgenres n’en sont pas des refoulés ? Négligeant ainsi leurs singularités des jeunes Marocains doivent donc croître dans un climat plein d’anxiété, de haine et de frustration, faire leurs preuves. Mais pourquoi donc tant d’hypocrisie ? Pourquoi devons-nous sans cesse offrir à notre famille, à nos proches même à nos amis une image d’homme, de femme pieuse ? Jusqu’à quand allons-nous nous voiler la face ? Si l’on veut que les choses changent c’est à nous d’agir ! C’est à nous tous que revient le devoir d’éduquer notre société à l’ouverture d’esprit car d’après moi ce n’est là que tout se forge.