Depuis l’affaire Harvey Weinstein, en octobre 2017, de nombreux pays ont subi les retombées de ce scandale en voyant leur nombre de plaintes pour viols ou agressions sexuelles grimper en flèche suite au mouvement #Metoo ou #BalanceTonPorc (+ 71% des femmes victimes ont décidé de porter plainte en France), et une large majorité affirme que depuis cette affaire la condition de la femme s’est améliorée.
Et pourtant 1 an après ce scandale, peu de choses ont changé dans les mangas et les animés, que ce soient les héroïnes hypersexualisées ou stéréotypées.
La pop culture japonaise depuis les années 80-90 a influencé beaucoup de jeunes et continue de nos jours, ces lectures ou vidéos sont divisées en deux grandes catégories : les shonens, mangas à public plutôt masculin et les shojos, à public féminin.
Dans les shonens, les personnages féminins ont beau être douces, gentilles, belles et intelligentes, aimer le personnage principal et l’accepter comme il est, elles ne sont là que pour mettre en avant les qualités morales au héros du shonen. Elles sont aussi hypersexualisées avec une poitrine exubérante et bien sur tous les prétextes sont bons pour les montrer dénudées. Ce phénomène est renforcé par le fan service, processus que les éditeurs japonais utilisent beaucoup, qui consiste à questionner les lecteurs sur leur personnages favoris et les faire apparaître plus souvent ainsi que exagérer leurs traits. Par exemple Nami dans One piece qui passe d’un bonnet A à un bonnet E au fil des épisodes. Et quand elles ne sont pas sexy elles sont soumises aux garçons comme Tohru dans Fruit Basket.
Du côté des shojos, les filles sont souvent présentées comme des élèves aux résultats passables, obsédées par trouver le Prince Charmant et qui pleurent dès le moindre problème. Elles ont aussi tendance à choisir le “méchant Prince” au comportement injuste avec elles comme pour souligner leur pauvreté d’esprit.
Les mangas ou animés ont tendance à mettre la culture du viol dans la norme en hypersexualisant les jeunes filles et en banalisant les abus sexuels, construisent un idéal féminin à poitrine démesurément grande avec une taille très mince et entretiennent des stéréotypes dégradants à l’égard des femmes. Les éditeurs présentent ces scènes comme élément comique de l’histoire, justifiant ainsi des propos ou des actes déplacés envers les héroïnes. De ce fait les éditeurs français ne peuvent que constater et responsabiliser ce qu’ils vendent à un public majoritairement jeune car ils n’espèrent plus voir changer les choses.
Juliette Wojcik
Sources :
Le monde “Loin de #metoo, le discret débat sur le sexisme dans le manga”
Figaro “Un an après l’affaire Weinstein, ce qui a changé entre les hommes et les femmes”
France info “Un an après #MeToo, le sexisme dans les mangas persiste”
Illustration : Evolution of Nami, Amino