Comme nous avons tous pu le constater, la place de l’orientation sexuelle et des identités de genre dans la société a progressé à une vitesse fulgurante. En effet, si ce sujet s’est en quelques années démocratisé, il a fallu à cette communauté braver de multiples épreuves et se battre sans cesse pour avoir des droits, se faire accepter au sein de la société et limiter les discriminations qui persistent aujourd’hui encore.
Dans la plupart des esprits (modernes et informés), quand on évoque les identités de genre et les différentes orientations sexuelles, la majorité des gens peuvent en citer trois voire quatre. Mais en réalité, cette communauté qu’on appelle LGBTQ+ est bien plus diversifiée et prône plusieurs valeurs telles que la tolérance et l’acceptation de soi. Depuis quelques dizaines d’années, ces communautés ont commencé à se battre activement mais surtout publiquement afin de sensibiliser les populations.
Partout dans le monde, sont nés des groupes actifs militant pour ces causes. Malgré les efforts fournis, les freins aux évolutions restent multiples (homophobie, peur de la différence…) mais le plus grand pour toutes ces minorités habitant des pays aux gouvernements autoritaires reste la grande question de la religion. Il est donc intéressant de faire la comparaison entre deux pays proches notamment géographiquement mais qui paradoxalement, sont très différents sur plusieurs aspects tels que les mentalités, la culture, la religion et l’organisation sociétale et citoyenne. La France et le Maroc sont donc des candidats idéaux pour ce rôle. La France, largement influencée par les États-Unis et le reste du monde et poussée par les différentes valeurs de la République notamment la tolérance, a vu naître une réelle communauté active qui se montre déterminée à faire avancer les choses.
En mai 2013, sous le gouvernement de François Hollande, la loi pour le mariage pour tous est votée : deux personnes de même sexe sont donc autorisées à se marier, ce qui était auparavant illégal. C’est donc le premier vrai grand pas pour cette communauté en France même si le chemin reste long. Internet, et en particulier les réseaux sociaux se trouvent être de grands alliés dans cette lutte. En effet, on peut maintenant trouver des comptes de personnes membres LGBTQ+ qui sont suivis par des millions de “followers”. On peut citer par exemple « Rupaul », « the real sara ramirez » (USA) et “Bilal Hassani” ou “ Fabian Crfx » en France.
De plus comme le rappelle le site du gouvernement francais: “La garantie d’égalité et de non-discrimination fournie par le droit international des droits de l’homme s’applique à tous, indépendamment de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre ou « de toute autre situation ». Dans une république comme l’Etat français, la laïcité et la tolérance sont des valeurs et principes respectés. Toutefois, les inégalités persistent. On peut donc se demander dans quelles conditions vivent les minorités au sein des Etats sous la tutelle de régimes autoritaires / stricts religieux ?
C’est une question que nous pouvons étudier de façon très pratique étant donné qu’il suffit d’observer notre société, la société marocaine et la place qu’occupe cette communauté au sein de la vie sociétale, si toutefois, elle en occupe une. Il est bien entendu inutile, ou presque, de rappeler que le Maroc est une monarchie a contrario de la France et que celle-là est un Etat islamique. A considérer au sens premier, évidemment, nul lien avec la connotation extrémiste/ terroriste que les médias ont donné à cette expression.
Mais concrètement, au Maroc quelle place et quels droits cette communauté minoritaire (ou un peu moins qu’on le pense) a-t-elle ?
Et bien, la réponse à cette question est assez simple. La place qu’occupent ces personnes est tout à fait normale, à la petite condition que leur nature reste cachée. En effet, comme le dit si bien l’Auteur Jean Zaganiaris dans son œuvre La question Queer au Maroc Identités sexuées et transgenre au sein de la littérature marocaine de langue française : “Les questions relatives à la sexualité ou au genre au Maroc semblent relever de la provocation.”
Au Maroc, un garçon ne porte pas de robes, il ne se maquille pas et se comporte de façon masculine. Il ne vient même pas à l’esprit qu’il puisse aimer jouer aux poupées ou s’intéresser à la danse.
Ainsi, la religion étant au centre de la vie sociétale, il en va de leur bien être moral et physique de respecter les mœurs et ne pas faire la “hchouma” (honte) à leur famille sous peine d’être déshérités, renvoyés de chez eux ou agressés physiquement dans la rue par des jeunes. De plus, non seulement ces personnes se heurtent à leur famille et entourage mais ne bénéficient d’aucun droit étant donné que les relations homosexuelles sont sévèrement punies par la loi. En clair, ils n’ont aucun refuge et sont contraints de vivre en secret. Le dicton s’applique donc parfaitement à leur situation : Pour vivre heureux, ils se doivent de vivre cachés.
Kettani Mya