Article 3 de la série sur le changement climatique.
La question environnementale est un enjeu qui traverse toutes les couches de nos sociétés : État, entreprises et société civile. Logique puisque l’état de la planète est lié au système qui régit notre monde et dans lequel nous baignons toutes et tous : le capitalisme. Alors que les initiatives se multiplient du côté des citoyennes et des citoyens, et à la fin de la seule année où la COP sur le climat n’a pas eu lieu, faisons un petit état des lieux de l'(in)action du secteur privé et de certains acteurs publics.
PS : Au cours de cet article nous étudierons le monde avant le Covid-19 qui a eu un impact positif considérable sur l’extraction de C02 dans le monde et ses émissions, car malheureusement, du fait de son caractère temporaire et particulier, l’article “sera faussé”.
Commençons par une grande nouvelle : tandis que le nombre de vertébrés sauvages sur Terre a diminué de 60 % entre 1970 et 2014, l’humanité n’a jamais extrait autant de pétrole qu’aujourd’hui (2019) ! BRA-VO ! On a extrait 4484,5 millions de tonnes de pétrole soit vingt-huit milliards deux cent six millions six cent cinquante-six mille quatre cents en 2019, soit 894 barils extraits par seconde ! Les pays de l’OPEP, notamment, ont pompé fort avec 1680 millions de tonnes de pétrole. Mais le champion toutes catégories, ce sont les États-Unis et leur juteux pétrole de schiste issu des entrailles du Texas. Avec 12,1 millions de barils par jour, le pays à la bannière étoilée est ainsi devenu premier producteur mondial devant la Russie et l’Arabie Saoudite. Make Mazout Great Again.
Pendant ce temps, en 2017, les pertes économiques engendrées par les catastrophes naturelles et sinistres provoqués par l’homme ont bondi de 25% en 2020, à 187 milliards de dollars (153 milliards d’euros), selon une première estimation du réassureur suisse Swiss Re.La part des frais pris en charge par les assureurs s’est montée à 83 milliards de dollars, en hausse de 32% par rapport à l’année précédente, ce qui en fait la cinquième année la plus coûteuse pour le secteur depuis les années 1970, a précisé dans un communiqué le groupe.
Mais ne vous inquiétez pas, tout est sous contrôle. D’après l’Agence Internationale de l’Énergie, la part du charbon dans le mix énergétique devrait décliner entre 2016 et 2022. Passant de 27% à… 26%. Gros effort ! Et puis, comme le rappellent l’OCDE, l’ONU et la Banque Mondiale dans un rapport commun, nos États continuent à dépenser près de 500 milliards de dollars par an pour financer le pétrole, le charbon et le gaz. Ah oui, j’oubliais : sur les 180 signataires de l’Accord de Paris ratifié en 2015, seuls 9 pays ont présenté leur plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. 5%. C’est le RUSH !
Mais ne soyons pas pessimistes. Singapour a décidé de déclarer l’année 2018 « année de l’action climatique » ! Voilà une belle initiative. Sauf que, ces cinq dernières années, DBS, OCBC et UOB, les trois grandes banques du pays, ont financé 21 projets de centrales à charbon, principalement en Indonésie et en Australie, pour un total de 2.3 milliards de dollars. Les intentions des uns sont vite balayées par les actions des autres.
La terre, ou plus précisément nos sociétés souffrent du “carbon lock-in syndrome ». Il caractérise tous les investissements qui nous enchaînent à moyen ou long-terme aux énergies fossiles. C’est le cas des infrastructures qui favorisent l’automobile par exemple, comme les autoroutes. Ou bien les centrales à charbon qui ont une durée de vie moyenne de 45 ans. Ainsi, l’ensemble des centrales actuellement en projet autour du globe vont entraîner 200 GigaTonnes d’émissions de CO2 dans les décennies à venir.
En 2002, le scientifique Paul Crutzen posait dans la revue Nature le terme d’ « Anthropocène », littéralement l’ère de l’homme. Avec la machine à vapeur puis la maîtrise des énergies fossiles, l’humanité serait devenu le principal facteur de modification de la planète, faisant entrer la Terre dans une nouvelle ère géologique. Tout cela ayant bien sûr commencé il y a des millénaires avec la maîtrise du feu. Posséder la Nature serait presque un trait génétique. Vraiment ?!
Au début du XXIe siècle, les 45% des humains les plus pauvres de la planète produisaient 7% des émissions. Mais les 7% les plus riches en produisaient 50%. Deux milliards de personnes, près d’un tiers de cette « humanité », n’ont pas accès à l’électricité. L’Anthropocène n’est pas le fait de l’humanité mais d’une infime part. Et la démographie ? Remettons les choses à leur place. Entre 1820 et 2010, la population a été multipliée par 6,6. Sur la même période, les émissions de CO2 ont été multipliées par presque 655. Il y a donc autre chose qu’une simple question de nombre de naissances.
L’état de la planète est lié à nos choix de société. Des choix pris par certains – industriels, financiers, gouvernants – qui ont trop rarement demandé son avis au reste de l’humanité. C’est ainsi… Mais peut-être est-il temps de faire autrement ? Car on a rarement vu un dealer bien gérer une cure de désintox…
Mounjid Ahùed Amine
SOURCES:
GIEC
France télévisions nouvelles écritures / datagueule
OPEP
L’Agence Internationale de l’Énergie
SwissRe
Journal singapourien
Magazine américain “nature”