La France “fautive” ou “complice” du génocide au Rwanda ?

« L’enjeu chez les Tutsis, c’est qu’il y’a eu des moyens de l’arrêter, au niveau Français, au niveau international et ces moyens n’ont pas été saisis » s’attriste le président de la commission d’historiens sur le rôle de la France au Rwanda, Vincent Duclert. Le dossier sur la France, le Rwanda et le génocide des Tutsis a été remis à Emmanuel Macron le 26 mars dernier, mais pourquoi le génocide au Rwanda constitue-t-il un sujet explosif depuis près de 27 ans ?

Selon le rapport d’une commission d’historiens remis à l’Elysée, la France porte des responsabilités dans le génocide des Tutsis au Rwanda, on parle de faillite de la France.

Qu’est-il reproché à la France ?

En 1994, le génocide des Tutsis par les Hutus fait au moins 800 000 morts. La France, pendant cette période, est alors un allié du régime rwandais pro-hutu depuis quatre ans. S’est-elle volontairement associée au génocide ? Telle est la question excitant la curiosité du peuple et animant les débats. Cependant, des zones d’ombre entourent son engagement au Rwanda.

Après deux ans de travail à partir d’archives ouvertes pour l’occasion, un rapport de 14 historiens pointe les « responsabilités lourdes et accablantes » et « l’aveuglement » de la France de François Mitterrand pendant la préparation du génocide. Les autorités françaises ont mené une politique qui portait les stigmates de la colonisation, accentuant la crise ethnique et s’alignant sur le régime du président Juvénal Habyarimana, sans réussir à retirer celui-ci des extrémistes. La France a effectivement semblé refuser toutes les alertes mais le rapport ne conclut néanmoins pas à la complicité de la France dans le massacre.

Qu’en est-il des réactions suscitées ?

Le Rwanda a félicité la parution du rapport et l’a qualifié d’un pas important vers une compréhension du rôle de la France. Suite à ce rapport, des associations attendent des gestes forts et une reconnaissance du génocide par le gouvernement français. Des associations comme Ibuka ou Survie exigent une prise de mesures, jugée plus importante que la parole, elles désirent transmettre la mémoire, lutter pour la justice et le recul du négationnisme. De leur côté, les autorités françaises espèrent un apaisement des relations avec le Rwanda, en effet cette plaie ouverte continue d’envenimer les relations France-Rwanda depuis maintenant plus de vingt ans.

Alain Juppé, à l’époque ministre des affaires étrangères, a reconnu que les autorités Françaises n’avaient pas pris toutes les mesures contre ce crime de l’humanité : « un génocide ne peut pas supporté les demis mesures », mais défend l’opération turquoise, jugée trop tardive pour sauver les ultimes rescapés Tutsis. Alain Juppé parle également de lâcheté internationale, d’abandon de la capitale Kigali par les forces de l’ONU, sur décision du conseil de sécurité. À voir maintenant si on peut arriver à une normalisation des relations entre les deux pays …

Leila HAJJARABI

Sources :

Le regard du pouvoir rwandais sur la France et le génocide de …https://www.franceculture.fr › Politique

Rwanda : un rapport sur le rôle de la France dans le génocide …https://www.france24.com › france › 20210326-rwand…

Génocide au Rwanda: la France responsable mais pas …https://www.liberation.fr › International

Photo : « President Kagame meets with President Macron at Palais de l’Élysée during his two day working visit | Paris, 23 May 2018 » by Paul Kagame is licensed under CC BY-NC-ND 2.0

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