De nos jours, l’animation japonaise connaît une notoriété sans précédent en France avec des titres cultes qui ont bercé l’enfance de plus d’un et un marché ne faisant que croître de plus en plus au fil des ans. Mais comment peut-on expliquer ce phénomène qui maintenant dépasse largement le simple stade de ‘’mode’’ ?
Nous devons l’introduction d’animés Japonais en France au producteur Bruno-René Huchez qui découvre une série d’animation suite à un voyage au Japon qu’il décide de faire diffuser en Juillet 1978 sur l’émission Récré A2 d’Antenne 2. Cette série devient alors le tout premier grand succès de l’animation nippone dans l’hexagone ; son nom est Goldorak (UFO Robo Grendizer). Pourtant, cette série a failli, à peu de chose près, ne jamais apparaître à la télévision française à cause d’une certaine réticence de Jacqueline Joubert, cheffe à cette époque-là de l’unité jeunesse et famille d’Antenne 2.
La série était si populaire qu’elle eut même droit à une couverture dans le magazine Paris Match.
Étonnamment, Goldorak est bien plus populaire en France et dans de nombreux autres pays tels que le Maroc (sous le nom de جريندايزر/Grindayzar) ou l’Italie, qu’au Japon. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’il ne constituait pas vraiment une nouveauté dans son pays d’origine, habitué au genre Mécha (un genre illustrant des personnages incarnant ou utilisant des robots généralement anthropomorphe dans un cadre de science-fiction).
D’autres dessins animés Japonais sont également diffusés sur Antenne 2 et connaissent un franc succès comme Candy, Lady Oscar ou encore Albator dont le public est encore aujourd’hui actif.
C’est 10 ans plus tard, le 2 Septembre 1987, qu’est créée l’émission Le Club Dorothée, centrée sur la présentatrice et chanteuse Dorothée et sa bande d’amis. L’émission diffuse des sitcoms, des jeux concours mais surtout des dessins animés. L’écrasante majorité d’entre eux viennent d’ailleurs du pays du soleil levant. C’était un choix principalement motivé par leurs coûts. En effet, ceux-cis coûtaient bien moins cher à diffuser et a doublé que des productions locales. C’est avec le Club Dorothé que l’engouement autour des animés atteint son paroxysme et que des séries maintenant cultes sont apparues sur les téléviseurs français comme par exemple : Saint Seiya : Les chevaliers du Zodiaque, Sailor Moon, Nicky Larson, Lamu, Astro Boy, Dragon Ball, Olive et Tom (Également très connu au Maroc sous le nom de Capitaine Majid !), Ranma 1⁄2, Le petit Chef, Gigi, Creamy, Ken le Survivant, Docteur Slump, Le collège fou, fou, fou… Et la liste est encore longue !
La sortie en salle de cinéma du film d’animation ‘’Akira’’ en 1988 encensé par la critique aide également l’animation japonaise à se populariser encore plus.
Malgré l’ascension fulgurante que connaissent les animés en France à cette période, celle-ci est stoppée par la fameuse période ‘’anti-manga’’ des années 90. Elle est notamment causée par le fait que les diffuseurs ne faisaient pas la distinction entre des animés destinés aux adultes/grands adolescents tels que Nicky Larson ou Ken le survivant et des animés plutôt destinés aux enfants et les faisait passer à la même heure soit tôt le matin. Alors qu’au Japon ceux qui était destiné à un public plus mature passaient vers 22h/23h quand les enfants étaient couchés.
Cette fausse idée que tout ce qui était animé était forcément destiné à un jeune public leur causèrent des soucis puisque d’un côté les adultes qui apprécient ces séries trouvaient les mesures de censure ridicules, avec par exemple les bar à hôtesses de Nicky Larson remplacé par des ‘’restaurant végétariens’’ dans la localisation ou encore la suppression de 15 minutes entières d’un épisode de Max et compagnie, mais de l’autre un grand nombre de parents trouvaient certaines séries inappropriées pour leurs enfants.
De nombreux scandales ont d’ailleurs eu lieu dont une sanction du CSA en 1991 à cause de la diffusion d’un épisode de Dragon Ball Z jugé comme ‘’violent et incitant au sadisme’’’ ce qui cause l’arrêt de la série. Le dernier coup d’épée à l’encontre de l’animation nippone en France est porté par la député socialiste Ségolène Royale et son livre Le ras le bol des bébés zappeurs qui ternit pour de bon l’image des animés en France. Elle les qualifie notamment de ‘’japoniaiseries’’ et réussit à se mettre de son côté de nombreuses personnalités influentes tel que le président de CSA de l’époque ainsi que le média Télérama. Le Club Dorothée disparaît définitivement le 29 août 1997 de TF1 et avec lui tous les animés ayant bercés l’enfance de nombreux français.
Néanmoins, quelques temps plus tard, au début des années 2000, l’animation japonaise connaît une renaissance grâce à des chaînes telles que Game One et Mangas qui proposent enfin des séries adaptés à leurs audience et avec un doublage de qualité tel que Yu-gi-oh!, Sakura chasseuse de Cartes, Pokémon, Détective Conan, Naruto, Inuyasha… Mais aussi grâce à la démocratisation d’internet permettant d’accéder plus facilement à ceux-ci et à l’édition française de beaucoup de ces œuvres en format papier.
Lasri Abla