Il s’agit en effet de la 16ème édition du FIFF de Salé cette année. Avec les professeurs encadrant M. Belbachir, M. Benssid et Mme. Canon nous avons eu la chance d’assister à ce festival. Nous y sommes allés à l’occasion de la projection du film Paula réalisé par Angela Ottobah qui était parmi nous ce jour-là. En quelques lignes voici ce qu’on peut retenir de cette merveilleuse rencontre. Et de ce que j’ai pu également en penser.
Je suis assez mitigée sur si oui ou non j’ai aimé le film Paula d’Angela Ottobah. Tout d’abord c’est un film avec des images très fortes dès le début on nous plonge dans un univers fantastique celui de l’eau avec une colorimétrie assez froide. C’est un film qui donne « vie et corps » à de la manipulation qu’exerce un père avec sa fille Paula (la scène avec les arbres, la dissection d’un lapin, l’empêcher d’aller à l’école…).
Avant l’échange avec la réalisatrice, je comprenais que quelque chose n’allait pas avec ce père à l’image « parfaite », avec une vie extrêmement saine ou encore un comportement lunatique très fréquent avec sa fille.
Puis quand Angela Ottobah s’est mise à expliquer ses images j’y voyais plus clair, ses explications m’ont beaucoup touchées et m’ont donc fait réfléchir au film. Son témoignage était très poignant, elle a préféré expliquer ce qu’elle avait vécu de manière implicite mais avec des indications qui ne trompent pas. Je pense que je pourrais le revoir pour le voir d’un autre œil et faire attention à certains détails que je n’avais pas remarqué. J’ai bien aimé en revanche cette aspect de prendre des distances avec le réel puisque même dans le film il est question de prendre des distances avec ses proches, avec les gens qui nous entourent pour se protéger, puisque oui même les gens qui nous aiment le plus ou qu’on aime le plus peuvent nous mettre en danger. Paula trouve refuge dans l’élément de l’eau, c’est là où elle s’émancipe, que son père ne peut pas la rejoindre sauf à la fin comme si ses pulsions d’être trop proche de sa fille étaient inévitables.
On a quelques fausses pistes également comme le personnage de Bill qui semble être un personnage prêt lui aussi à s’emparer du petit corps fragile de Paula. Or non il fait partie des adultes avec la femme qui suit Paula pour l’aider. Le personnage de la mère est aussi intéressant à analyser, la mère de Paula est mutée en Corée et est donc très loin de sa fille, on sous-entendrait qu’elle serait au courant de la situation qui se passe à la maison mais fait partie de ces gens qui gardent le silence face à une situation grave. Achille un ami de Paula partagent une relation naïve et curieuse sans tout de suite penser à une relation malsaine et sexuelle. Leur relation, comme l’a dit la réalisatrice, ne porte pas de nom, il s’agit juste encore une fois un moyen pour Paula de s’éloigner de son père. Dans ce film comprend bien l’immontrable, on voit la mise en danger du corps de l’enfant avec son père (la scène du feu).
Les bruits dans ce film sont d’autant plus intéressants, on entend souvent des bruits de bouches très dérangeant mais qui nous font comprendre que le père de Paula ne cherche pas à s’occuper d’elle, de se charger à ce qu’elle adopte certaines manières, mais de constamment l’avoir près de lui. Son état physique ne l’intéresse pas plus que ça, mais elle se doit d’aller bien pour ne pas faire culpabiliser son père. On a aussi des moments où la musique est importante, quand Achille et Paula sont en train de danser, la musique intradiégétique montre la joie et l’innocence que partagent les deux enfants. Le bruit de l’eau, lorsque Paula plonge dans l’ivresse des profondeurs on entend seulement les gestes qu’elle fait dans l’eau, les plans montrés de son corps m’ont fait comprendre cette envie qu’elle a de vouloir y rester: Elle ne veut pas remonter à la surface qui pour moi est l’Enfer de Paula. Finalement en écrivant précisément sur ce que m’a fait ressentir le film d’Angela Ottobah, je m’en me rend compte que c’est un film que j’ai quand même beaucoup apprécié malgré certains plans qui m’ont parfois déroutée (Bill dans la forêt, les gros plans de Paula en train de manger ou encore la dissection du lapin..). Très beau film avec un message très fort qui a parfaitement sa place dans ce festival pour représenter les femmes !
auteur: zinès