Jour I :
Aujourd’hui je me suis réveillé tôt (huit heures du matin) pour partir en vacances à Fès.
Les bagages étant déjà faits la veille, il nous a suffi de les mettre dans la voiture et on est parti.
Je dois souligner cependant, avant d’arriver, que les autoroutes sont tout le temps d’excellentes qualités.
On arrive à Fès après trois heures de route, on se gare et on se rend à notre Riad (Authentique, c’est le nom) notez qu’ils sont tous très joliment décorés.
Fès est la plus grande ancienne médina du Maroc et elle est entourée de 15 km de remparts qui datent du 11ᵉ siècle, cette ville a été construite stratégiquement, car elle est alimentée en eau par la rivière qui vient de la montagne (l’Oued Fès).
L’après-midi on prend un guide et on va visiter un atelier où ils vont nous expliquer comment on fait la vaisselle en argile, les zelliges en mosaïque et les zelliges sculptés à la main ainsi que différents types d’argile.
Premièrement on cherche l’argile dans la montagne (qui est juste à côté), la particularité avec l’argile de Fès est qu’il est de couleur grise et qui deviendra blanche après la cuisson contrairement à l’argile normale qui est brun-roux, apparemment l’argile de Fès est plus solide et on le cuit différemment, l’argile normale est cuit à environ 800 degrés Celsius et une seule fois tandis que l’argile grise de Fès est cuit une première fois entre 1000 et 1100 degrés Celsius pour le solidifier et une deuxième fois pour la couleur.
En effet, si on peint avec du mauve au départ, après la cuisson cela peut devenir bleu. On peut mettre sur les poteries différents motifs: les motifs berbères et les motifs arabes
Parlons maintenant des zelliges, la plupart des personnes quand on leur parle de zellige ils pensent à de la mosaïque mais pas seulement !
Les zelliges sont des carreaux d’argile de dix centimètres sur dix centimètres qu’on va peindre puis sculpter et enfin coller pour créer une surface magnifiquement décorée(la mosaïque), ceci est ce que la plupart des personnes connaissent, mais il y a aussi une autre technique, celle où les carreaux sont peints de la même couleur puis, les personnes enlèvent une partie pour créer des dessins et j’ai pris une photographie où vous pourrez voir deux panneaux, chacun réalisés avec une des deux techniques citées :
En se baladant dans la Médina on est rentré dans une boutique qui vendait toutes sortes d’huiles cosmétiques et médicinales, cela sentait très bon, mais je vais vous parler de l’huile d’argan, car on croit le connaître, mais peut-être que cela n’est pas le cas.
L’arganier (l’arbre qui produit l’argan) ne vit qu’au Maroc et que dans la région Sud-ouest, entre Essaouira et Agadir, ce qui le rend rare.
L’arganier ne fait des fruits qu’en octobre, les fruits ressemblent à l’amande et on les fait sécher avant de récolter l’huile, attention ⚠️, le fait que l’on récolte les noix d’argan dans les crottes de chèvres 🐐 n’est qu’un mythe ! Pour la raison qu’ils ne mangent pas les fruits.
Par contre, le fait qu’on appelle l’arganier “l’arbre à chèvre » est tout à fait vrai car les chèvres grimpent dans l’arbre pour y manger uniquement les feuilles.
Donc, on peut torréfier les noix d’argan, ce qui fera de l’huile d’argan rouge qui sera utilisé pour la cuisine et l’huile non torréfiée est jaune et sera utilisé pour la santé et le cosmétique, l’huile d’argan a l’avantage de n’avoir ni odeurs ni être gras.
Il faut 100 kg de noix d’argan pour faire un litre d’huile.
J’ai ensuite visité la plus vieille et la plus grande tannerie de Fès (la tannerie Chouara, vieille de 1000 ans) où travaillent chaque jour 850 familles.
Dans une tannerie, on utilise deux sortes de laine : la laine “morte”, ce qui veut dire que la laine a été réquisitionnée sur le cadavre de l’animal et la laine “vivante” qu’on a pris sur l’animal vivant.
La différence est que l’on utilise la laine morte pour remplir les coussins, les poufs tandis que l’on utilise la laine vivante sur les habits…
Dans cette tannerie on utilise plusieurs sortes de cuir : le cuir de mouton, de chèvre, de vache (il est lourd) et de dromadaire qui est particulier, car il est très léger et imperméable naturellement !
Il y a aussi le daim, attention ⚠ ️ ne pas confondre avec le cuir de daim, l’animal, le daim est le cuir d’un animal, mais retourné (du côté chaire) puis lavé pour faire en sorte qu’il soit tout doux. Pour ma part je pense que le meilleur cuir est celui de dromadaire (léger et imperméable naturellement) mais de son estomac pour la raison que c’est élastique ! On trempe le cuir dans des puits de trois mètres de profondeur remplis de sel d’eau et d’urine de vache pendant 2 à 3 jours pour sortir la graisse et les poils puis on les teint en les mettant dans les même cuves, mais cette fois avec des excréments de pigeons en plus, car cela contient de l’ammoniaque qui assouplit le cuir.
Les quantités requises d’excréments de pigeons sont tellement énormes que la tannerie achète 1 kg de fientes à 200 dirhams. Pour colorer le cuir, il suffit de rajouter du safran pour qu’il devienne jaune, du henné pour l’orange, de l’indigo et du cobalt pour le bleu, du coquelicot et des cochenilles ou du pavot pour le rouge, du bois de cèdre pour le brun et de la menthe pour le vert. Avec ce cuir on peut faire des blousons sur mesure, des ceintures, des coussins, des canapés, des poufs et bien sûr les fameuses « babouches » marocaines.
Je vais vous parler maintenant des différents tissus avec lesquels on peut faire de magnifiques nappes, tapis, couvertures…
On utilise pour faire les tapis par exemple, le coton des moutons par contre pour faire des tissus plus légers, plus doux et plus brillant, on utilise la soie d’un cactus de la famille de l’agave qu’on trouve dans le désert marocain cette soie est ignifuge, fine et brillante.
Quand vous vous posez la question : « Quels sont ces motifs sur mon tapis ou sur ma nappe ? » Maintenant vous saurez que la plupart du temps ce sont des motifs que l’on retrouve peint ou tatoué sur la peau de marocaines et qui désignent leur nom de famille.
Ce jour là j’ai aussi été en face de la mosquée Al Qaraouiyin mais malheureusement je n’ai pas pu entrer, car elle n’est pas ouverte aux non-musulmans, par contre d’après ce que j’ai pu observer de l’extérieur, elle m’a l’air magnifiquement décorée.