Lorsqu’on entre dans un magasin, on ne pense plus à rien, excepté aux jolis habits délicatement pliés qui nous attendent. Là. Paisiblement entassés les uns sur les autres, nous invitant à les toucher, à les essayer mais surtout à les posséder.
On comprend donc que lorsque l’on se rend pour magasiner, la dernière chose à laquelle un consommateur pense c’est l’origine du produit. Comment a- t-il été fait ? Par qui ? Ce genre de questions ne traverse généralement jamais l’esprit du consommateur. À l’inverse, on va tout de suite regarder le prix du vêtement. Et pour cause, les industriels chercheront à être les plus compétitifs possible. Ils ont conscience des crises économiques qui affectent directement leur économie, et négligent bien souvent les facteurs de l’environnement, de la pollution, du sanitaire et du social.
Ce n’est donc pas un hasard si vous voyez votre garde-robe changer tous les ans. Et bien oui ! Cela porte même un nom : la fast-fashion ! C’est un phénomène de l’industrie de la mode. Un phénomène qui n’a pas épargné le Maroc comme nous le prouve les nombreuses étiquettes indiquant un « made in Morocco ».
Cela touche principalement les habits à petit prix qui s’inspirent des récentes tendances de la haute couture et permettant ainsi de répondre à une forte demande et vous encouragent à consommer toujours plus. Plus concrètement, c’est produire plus pour vendre plus, et tout cela à petit prix.
On devient alors accroc à la nouveauté et les entreprises de prêt à porter l’ont bien compris. Les cycles de fabrication et de consommation, rétrécissant de plus en plus, exigent une production de plus en plus rapide et encourageant ainsi les industriels à avoir recours à des pratiques irresponsables, tant sur le plan social qu’environnemental. La mondialisation est donc au cœur de ce phénomène. Et j’irai même jusqu’à dire jouissant de cette situation qui offre aux industriels plusieurs avantages. Les pays occidentaux sont devenus dépendant de cette main d’œuvre peu qualifiée et à très faible coût, jouant là la concurrence entre les pays en voie de développement.
Mais est-ce que cela est vraiment grave ? Cela ne permet-il pas au contraire aux pays en voix de développement de s’enrichir ? Sur le papier ce n’est pas si faux que ça, mais sur le terrain la réalité est tout autre. Afin de produire toutes ces quantités, les industriels ont besoin d’une main d’œuvre la moins chère possible. Les ouvriers de l’industrie textile qui résident pour la plus grande part au Bangladesh sont des jeunes filles qui quittent leurs campagnes pour venir travailler en usine. On compte en effet 90% d’ouvrières en industrie textile, qui pour la plupart n’ont aucune formation, souvent analphabètes et payées moins que les hommes.
Le travail des enfants est également important. Rémunérés entre 6 à 10 dollars par mois, ces jeunes ouvriers sont souvent soumis à des tâches dangereuses. Mais en plus des accidents dans les usines comme celui du Rana Plaza, des conditions de travail abominables et du travail des enfants, la fast fashion est aussi un phénomène toxique et polluant pour nous et notre planète. La plus grande partie des produits chimiques utilisés pour produire ces vêtements sont interdits sur le territoire européen. Ils sont cependant bien présents dans les habits vendus sur ce même territoire. Et c’est là ou réside le plus grand paradoxe. Cette pollution n’a donc plus de frontière. Dans le cadre de sa campagne « Detox » lancée en 2011 Greenpeace réalise sur 20 marques une enquête intitulée « les dessous toxiques de la mode ». Elle dénonce l’utilisation d’un nombre important de molécules chimiques pouvant être fatales pour l’espèce humaine. Certains colorants ou phtalates utilisés dans l’industrie textile pour leurs qualités (infroissable, imperméable, anti-transpirant) peuvent libérer des amines cancérogènes, engendrer des réactions cutanées allergiques mais aussi des cancers du foie ou des reins. Et c’est à un réel cycle toxique de la mode auquel on assiste : dans un premier temps dans le pays de production de l’habit et dans ses cours d’eau, dans un second temps dans les pays où sont importés les articles, lors des lavages en machine ou lorsqu’ils sont jetés. Ces substances chimiques toxiques s’infiltrent dans les sols et contaminent la nappe phréatique. Elles contaminent les animaux qui boivent l’eau des courants contaminés. C’est donc nous qui finissons par manger ces produits toxiques. En passant par un manque d’éthique envers les producteurs, jusqu’à la pollution de la planète ou encore en s’intéressant aux dégâts engendrés par les cotons OGM utilisés par les marques qui détruisent des villages, appauvrissent des populations, engendrent des maladies (déviance mentale, handicaps physiques et cancers) pour enfin atterrir sur l’obsolescence programmée de ces vêtements générant des tonnes et des tonnes de déchets, la fast fashion est un réel poison.
Mais la question que tout le monde se pose c’est : est-ce que l’on peut vraiment s’en passer de cette fast-fashion ? Est-ce qu’une famille avec une petite bourse peut vraiment se permettre de consommer éthique ? Et bien oui ! En s’habillant vintage ! C’est unique, hyper tendance et peu onéreux.
Salma Laalj TES