La finale de la ligue des champions se tiendra le 29 mai 2020 à l’Estadio Dragao de Porto et verra s’affronter deux cadors anglais : Chelsea et Manchester City. La promesse d’un véritable spectacle de football et son enjeu considérable nous amènent à nous pencher de plus près sur cette rencontre.
Le 29 mai. Cette date est sûrement déjà notée dans les agendas des footeux, impatients de regarder la grosse affiche qui se profile à l’horizon. La rencontre sera le point final sur la belle copie rendue par chacun des deux clubs cette saison, d’où la nécessité de ne pas la tâcher et de soulever la coupe aux grandes oreilles. Aux yeux des bookmakers, les Citizens font figure de favoris mais, en observant la seconde moitié de saison de Chelsea, ce constat peut être nuancé. Il y a même une certaine symétrie entre ces deux équipes : un tacticien de génie, une pléiade de stars, un taulier défensif et un banc bien chargé. Les deux mastodontes ont eu un parcours difficile pour arriver jusqu’à cette finale, marqué par des rencontres de haute volée avec des adversaires coriaces. La soirée de ligue des champions qui les opposera proposera donc du spectacle, du talent et des buts on l’espère !
Manchester City, le rouleau compresseur
La Premier League est réputée parmi les championnats européens pour être, sinon le meilleur, du moins, le plus compétitif. Mais demandez aux clubs anglais s’ils pouvaient rivaliser avec les Sky Blues cette saison, même Liverpool, Chelsea et Tottenham ont perdu sur des gros scores. Après un début de saison très médiocre qui se soldait par 2 défaites et 3 matchs nuls en 8 rencontres, l’équipe s’est reprise en main. Manchester City a enchaîné 19 matchs sans défaite, écrasant ses adversaires les uns après les autres, chaque semaine. D’ailleurs, les joueurs ont pu fêter le titre de champion d’Angleterre, en FA Cup, la semaine dernière, en battant Tottenham sur le plus petit des scores. En ligue des champions, leur campagne était également brillante. Ils sont sortis premiers d’un groupe relativement “facile” constitué du FC Porto, de l’Olympiakos Pirée et de l’Olympique Marseille. Le match de 8èmes de finale contre le Borussia Monchengladbach ne les a pas entravés dans leur route vers la finale puisqu’ils ont remporté chacune des deux confrontations par le score de 2-0. La situation s’est corsée à l’heure de se mesurer au Borussia Dortmund mais les Citizens ont fait preuve de réalisme en gagnant 2-1 les deux matchs, notamment grâce aux frappes puissantes du jeune Phil Foden en fin de rencontre.
L’affiche qui a sûrement fait couler le plus d’encre durant ces dernières semaines était ce Manchester City-Paris St-Germain en demi-finale. Le match aller au Parc des Princes a débuté par une tête croisée parfaite de Marquinhos, laissant impuissant Ederson, le portier des Citizens. Mais même durant cette première mi-temps dominée par le PSG, les Sky Blues faisaient preuve de sérénité, peut-être un peu trop. Leur tendance à faire circuler le ballon en attendant la faille défensive n’a pas porté ses fruits, ils ont donc été plus entreprenants en seconde période. Les nombreux dribbles tentés pour entrer dans la surface et le siège mené devant la défense parisienne ont fini par aboutir à la 64ème minute. Le centre limpide de Kevin De Bruyne a trompé Keylor Navas, ce dernier s’attendant à le voir repris de la tête par Phil Foden. 7 minutes plus tard, l’algérien Riyadh Mahrez inscrivait un coup franc, sa frappe puissante en plein dans le mur n’ayant pas été déviée par Presnel Kimpembe. Le match retour a été l’affirmation de la maturité de ce collectif, restant serein dans un match aussi important et cela s’est matérialisé par un doublé de Riyadh Mahrez. Manchester City a paru être le miroir inversé d’une équipe du Paris St-Germain stérile offensivement, fébrile défensivement et mentalement instable, à l’image des 3 cartons jaunes et du carton rouge parisiens.
Au-delà même de la comparaison avec leurs adversaires, les Anglais ont su briller dans la plus prestigieuse des compétitions, qui semblait pourtant ne pas vouloir d’eux ces dernières années. A leur arrivée en 2008, les investisseurs émiratis avaient fait part de leurs ambitions et annoncé que leur objectif final était une victoire en ligue des champions. D’un point de vue tactique, l’équipe de Guardiola montre une véritable solidité défensive qui semblait lui manquer ces dernières années. L’arrivée cet été du défenseur central portugais Ruben Dias pour la modique somme de 70 Millions € n’y est sûrement pas étrangère. Le joueur s’est rapidement imposé comme un pilier destiné à renforcer un secteur défensif déjà bien rempli avec notamment Kyle Walker, Aymeric Laporte, Benjamin Mendy, Nathan Aké ou encore le jeune Eric Garcia. La qualité de ces joueurs se retrouve dans les statistiques : l’équipe n’a encaissé que 32 buts cette saison en Premier League. Ce qui en fait la meilleure défense d’Angleterre devant… Chelsea (36). Manchester City est également une équipe qui presse très haut, on retrouve là l’un des fondamentaux du tacticien catalan. Il s’agit d’empêcher les adversaires de ressortir le ballon, ce qui pourrait mener à une attaque dangereuse, et en même temps de récupérer des balles à proximité des cages. Un autre atout des Citizens est leur placement : ils occupent constamment chaque zone du terrain, ce qui leur est bénéfique autant défensivement qu’offensivement. De plus, et c’est là une caractéristique majeure des équipes de Guardiola, la circulation du ballon se fait avec une simplicité déconcertante chez les Sky Blues, réduisant à néant tous les efforts des adversaires dans la réalisation du pressing. Cette habileté ne permet pas uniquement d’assurer la relance puisqu’elle permet également aux milieux de réaliser des passes lasers qui brisent des lignes en phase de transition offensive. Enfin, les hommes de Guardiola ont surpris l’Europe par leur capacité à marquer un nombre très important de buts sans numéro 9. La stratégie offensive des Sky Blues est basée sur l’intelligence du jeu et des passes aussi rapides que précises. A la différence d’un Barça souvent ronronnant devant les équipes jouant en bloc bas ou d’un Real Madrid qui se contente la plupart du temps d’attendre la contre-attaque, les joueurs de Manchester City sont très percutants et cherchent constamment à créer des lignes de passes pour trouver la faille.
Au vu de la qualité des joueurs de Manchester City, il est difficile de prévoir la composition qu’alignera l’entraîneur catalan. Nous pouvons tout de même nous y essayer en prenant en compte les prestations de chaque joueur durant la saison et le schéma tactique privilégié qu’est le 4-3-3. Ederson sera dans les buts alors que Walker et Zinchenko s’occuperont des flancs de la défense. Pour ce qui est de la défense centrale, John Stones devrait accompagner Ruben Dias. Au milieu, on s’attend à voir Rodri en pointe basse, et le duo extrêmement créatif composé de Ilkay Gundogan-Bernardo Silva. Riyadh Mahrez et Phil Foden débuteront aux avant-postes tandis que le meneur de jeu belge Kevin De Bruyne complètera le trio offensif au poste de faux numéro 9.
Chelsea, le terrifiant outsider
La saison des Blues comporte deux visages : celui, décevant, montré sous la direction de Frank Lampard, et le second, rayonnant, affiché sous les ordres de Thomas Tuchel. Le milliardaire russe Roman Abramovitch, président de l’institution, avait frappé fort lors du mercato 2020 en achetant des stars pour une somme totale de 247 millions d’euros. Ces recrues se composaient des deux jeunes allemands, Kai Havertz et Timo Werner, de l’arrière gauche de Leicester Ben Chilwell, du meneur de jeu marocain Hakim Ziyech, du gardien Rennais Edouard Mendy et surtout du défenseur central Thiago Silva. Avec une telle équipe, tout devenait possible pour Chelsea, du moins sur le papier. C’est pourquoi cette première moitié de saison a déçu ; non seulement les supporters qui espéraient revoir Chelsea briller au plus haut niveau mais également le président. Ce dernier a limogé son entraîneur pour signer un contrat de 18 mois avec Thomas Tuchel, le 26 janvier 2021. Cette date constitue un tournant dans la saison des Blues au vu des résultats : le maigre bilan de Lampard de 50% de victoires a été largement surpassé par celui du coach allemand, atteignant 65% de victoires. Ces statistiques traduisent les grands changements qui se sont opérés sur le rectangle vert. La défense est devenue extrêmement solide, encaissant seulement 14 buts en 28 matchs, soit un but tous les deux matchs.
Pour ce qui est de la ligue des champions, et malgré que les Londoniens soient sortis 1ers de leur groupe, personne n’aurait pu prévoir que cette équipe irait jusqu’en finale. Leur parcours en phase éliminatoire a débuté par une double confrontation face à l’Atlético de Madrid. Au vu du début de saison spectaculaire des hommes de Simeone en Liga, la tâche s’annonçait difficile pour les Blues. Le premier match était assez faible en intensité, les Anglais faisaient le siège devant les cages de Jan Oblak mais peinaient grandement à trouver la faille. Défendre, c’est ce que savent faire le mieux les Colchoneros. Mais à la 68ème minute, Olivier Giroud reprenait en coup de ciseau un ballon haut envoyé par Mount dans la surface : 1-0 score final. Au match retour, les Londoniens ont montré un visage bien plus plaisant, ne laissant aucun espace, ni aucune chance aux joueurs de l’Atletico. Le pressing phénoménal et extrêmement bien organisé a fini par porter ses fruits. Chaque ballon récupéré par Chelsea au milieu du terrain se transformait en occasion dangereuse en quelques secondes. La verticalité et la facilité avec laquelle ils réalisaient leurs transitions offensives ont donné du fil à retordre à Stefan Savic et consorts. Les débordements du latéral droit Reece James, les passes dans le dos effectuées par Kai Havertz ou encore les accélérations de Timo Werner ont contribué à créer un volume d’occasions considérables. Hakim Ziyech ouvrait le score à la demi-heure de jeu, à la suite d’une passe de Werner au point de penalty. Entré en jeu depuis seulement 1 minute, le défenseur italien Emerson doublait la mise à la 94ème, bien servi par Christian Pulisic. Ces deux victoires ont joué un rôle majeur dans la prise de confiance des joueurs de Chelsea : le rêve européen devenait possible. En quarts de finale, ils se sont défaits du FC Porto en remportant la première confrontation 2-0 grâce à des buts de Mount et Chilwell. Le score peut paraître cruel au vu de la prestation remarquable des Dragons mais les Anglais ont davantage fait preuve de réalisme. La défaite 1-0 au match retour à cause d’un retourné acrobatique de Mehdi Taremi à la 94ème minute n’a pas empêché Chelsea de rejoindre le dernier carré.
L’adversaire qui se dressait alors devant les hommes de Thomas Tuchel était d’un tout autre calibre : il s’agissait du Real Madrid de Zinédine Zidane, Karim Benzema, Luka Modric et Thibaut Courtois. La presse européenne s’attendait à un match ennuyeux dû au jeu très fermé et défensif des deux équipes. Il faut croire que l’enjeu a réveillé ces deux formations habituellement somnolentes puisqu’elles ont été plus percutantes et créatives. La première grosse occasion était anglaise mais n’a pas abouti à cause de la finition catastrophique de Timo Werner à seulement 5 mètres du but. Les Blues ont ensuite enchaîné de nombreuses offensives, menées par N’golo Kanté et qui se sont soldées par l’ouverture du score de l’américain Christian Pulisic. Ce dernier a parfaitement contrôlé le long ballon lancé par Rüdiger dans le dos des défenseurs, puis il a dribblé Thibaut Courtois et a envoyé le cuir au fond des filets d’une frappe pleine de sang-froid. Un quart d’heure plus tard, Karim Benzema répondait à ce premier but stupéfiant en contrôlant un centre de la tête et en concluant l’action par une somptueuse reprise de volée. Le score en est resté là et les deux équipes se sont neutralisées. Au match retour les londoniens ont prouvé qu’ils étaient bien plus qu’un simple outsider, se défaisant du mastodonte aux 13 ligues des champions qu’est le Real Madrid. Ils ont commencé la rencontre avec l’intensité qui leur était coutumière en Premier League et ont multiplié les occasions dangereuses face aux cages madrilènes. Un lob du gardien parfaitement réalisé par Kai Havertz a rebondi sur la barre transversale et a été repris victorieusement de la tête par Timo Werner : 1-0 pour les Blues. Malgré l’avantage au score et une possession de balle de 32%, ils ont continué à assaillir la défense de la Casa Blanca a grands renforts de passes verticales de Kanté et Chilwell. Servi par Pulisic en plein axe à la 85ème, Mason Mount a pris le meilleur sur Eder Militao et fait le break. Explosions de joie à Stamford Bridge 15 minutes plus tard, au coup de sifflet de Daniele Orsato, synonyme de qualification en finale de ligue des champions.
Sur le plan tactique, cette équipe de Chelsea comporte de nombreuses similarités avec Manchester City : une qualité de relance, un pressing très haut et étouffant ainsi que des transitions verticales très rapides. Cette équipe alterne entre ses deux gardiens de très haut niveau, Edouard Mendy ainsi que Kepa Arrizabalaga. Leur défense solide est notamment due à l’expérience de Thiago Silva et de César Azpilicueta. Ils peuvent compter sur le robuste Kurt Zouma, mais également sur Antonio Rüdiger qui réalise sûrement la meilleure saison de sa carrière et sur le jeune Andreas Christensen. Pour ce qui est des milieux londoniens, Jorginho et Ngolo Kanté effectuent un excellent travail de récupération des ballons dans l’entrejeu, qui remontent le terrain soit dans l’axe avec Mateo Kovacic ou Mason Mount, soit sur les ailes avec Ben Chilwell ou Reece James. L’armada offensive de Chelsea peut compter sur les deux meneurs de jeu talentueux Hakim Ziyech et Christian Pulisic, sur les deux ailiers rapides que sont Kai Havertz et Callum Hudson-Odoi et enfin sur les deux buteurs : Timo Werner et Olivier Giroud. Il sera difficile pour Thomas Tuchel de choisir 11 joueurs parmi cette pléthore de joueurs talentueux. Nous pouvons supposer que le coach allemand conservera son système de jeu en 3-5-2. Le portier Sénégalais Mendy devrait occuper les cages et être épaulé par le trio défensif composé de Rüdiger, Silva et Christensen. Les défenseurs latéraux, Chilwell à gauche et Azpilicueta à droite, seront avancés au niveau des milieux. On s’attend également à voir Jorginho en pointe basse aider Kanté et Mount au pressing afin de fournir en ballons une attaque formée par Werner et Havertz.
Duel au sommet
Maintenant que le tableau est dressé pour chacune des deux équipes, à vos pronostics ! Au-delà du résultat final et de savoir qui remportera la coupe aux grandes oreilles, il apparaît évident que ce match aura une forte intensité et sera autrement spectaculaire que l’ennuyeuse finale Liverpool-Tottenham, il y a deux ans. Malgré le statut de favori des Citizens, les deux dernières confrontations entre ces deux équipes qui ont eu lieu il y a moins d’un mois, se sont toutes deux soldées par une victoire de Chelsea. On se doute donc que cette finale sera équilibrée et que rien n’est joué d’avance. En attendant la rencontre, n’oubliez pas cette fameuse date du 29 mai.
Foucard Anis 1ère 14
Sources: