La contraception, qui va de paire avec la sexualité, est un sujet situé au cœur de la vie quotidienne d’ une grande partie de la population. Cependant, les méthodes de contraception existantes à ce jour sont pourtant peu nombreuses et souvent très contraignantes: de nombreux effets secondaires, prise d’une pilule tous les jours à la même heure… Pire encore, ces méthodes ciblent majoritairement les femmes, à l’exception du préservatif qui a vu un regain d’intérêt depuis les années 90 avec l’épidémie de SIDA. Actuellement, l’éventail des méthodes de contraception en cours d’expérimentation est large, mais les options de contraception masculine restent limitées comparées à celles de la contraception féminine.
Le rythme lent auquel avance la recherche dans ce domaine a deux conséquences négatives majeures:
-Socialement, il constitue un frein dans la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes. En effet, l’absence de méthodes contraceptives masculines tend à déresponsabiliser les hommes lors d’un rapport sexuel et fait peser sur la femmes une grande part, voire l’entièreté, de la charge mentale de la contraception au sein du couple.
-Sanitairement, le manque de recherche dans le domaine de la contraception prive les femmes de potentielles solutions contraceptives aux effets secondaires moins nocifs pour leur santé. Par ailleurs, un plus large choix de méthodes contraceptives ou des méthodes contraceptives efficaces permettraient de diminuer la quantité de grossesses non-désirées qui sont encore au nombre de 74 millions par an dans les pays en développement.
Pour comprendre l’étendu du problème, une rapide exposition des différents modèles de planning familiaux (ensemble des moyens qui concourent au contrôle des naissances) existants actuellement est nécessaire:
Contraception féminine: une multitude de méthodes contraignantes aux effets secondaires non négligeables
La pilule:
Il en existe deux sortes: les pilules œstroprogestatives, dites « combinées », qui contiennent à la fois un œstrogène et un progestatif et les pilules microprogestatives, qui contiennent seulement un progestatif.
effets secondaires: troubles de l’humeur, prise de poids, maux de tête, baisse de libido, augmentation de certaines maladies cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral) et de formation de caillots de sang dans les veines (accidents thromboemboliques), surtout chez les femmes qui fument.
Selon une expertise du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) menée en 2005 et actualisée en 2012, les pilules combinées entraîneraient une légère hausse du risque de cancers du sein, du col de l’utérus et du foie. En revanche, plusieurs études suggèrent que les femmes sous pilule combinée risqueraient moins d’être atteintes d’un cancer de l’ovaire ou de l’endomètre
En 2012, la plainte déposée par une jeune femme contre un laboratoire pharmaceutique en raison d’un accident thrombo-embolique veineux survenu alors qu’elle utilisait une pilule oestroprogestative de troisième génération a suscité un débat médiatique intense sur la sécurité des contraceptifs. Les risques associés aux méthodes de contraception médicalisées ont alors été mis en avant. Cette “crise de la pilule” a entraîné une modification dans les conditions d’accès à certains composés. Immédiatement après le débat, une baisse globale de l’utilisation des pilules contraceptives et un report vers le DIU et le préservatif ont été constatés. Cependant, en se basant sur une enquête menée par l’Inserm-Ined, on peut remarquer que la pilule reste la méthode contraceptive la plus utilisée par les femmes françaises.
Outre les risques et effets secondaires éventuels, l’une des difficultés que peuvent rencontrer les femmes qui prennent la pilule est l’oubli. Fréquent, il est à l’origine de plus d’une grossesse non désirée sur cinq.
Le stérilet
Il empêche la fécondation et l’implantation de l’œuf fécondé dans l’utérus. Le cuivre présent sur la plupart des stérilets a un effet toxique sur les spermatozoïdes. Certains stérilets, qui diffusent un progestatif à faible dose, permettent en plus l’absence de règles.
L’implant, le patch ou l’anneau
L’implant contraceptif se pose sous la peau (sous anesthésie locale) pour 3 ans.
Le patch contraceptif est à coller sur la peau une fois par semaine, pendant 3 semaines consécutives, avant une pause d’une semaine, le temps des règles.
L’anneau vaginal contraceptif se place directement dans le vagin pour 3 semaines.
Les contraceptifs locaux
→ préservatif féminin, spermicides: Une efficacité réduite par rapport aux autres méthodes de contraception.
Les nouveaux contraceptifs hormonaux (timbre, anneau vaginal, implant cutané, injection) sont d’apparition trop récente pour qu’on puisse évaluer leur risque potentiel avec assez de recul.
Les méthodes contraceptives “naturelles”:
Par exemple: abstinence en période d’ovulation, méthode MAMA (méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée se fondant sur l’infécondité naturelle résultant de certains modes d’allaitement. ) On leur impute jusqu’à 25% d’échecs
Contraception masculine:des méthodes peu nombreuses et très peu utilisées en pratique
La vasectomie
Seulement 0,8 % des hommes sont vasectomisés en France, alors que les femmes sont près de cinq fois plus en proportion à se faire ligaturer les trompes pour assurer leur contraception (4,5% selon le baromètre santé de 2016 de l’Inserm).
Le retrait:
Il est moins efficace que la plupart des autres méthodes contraceptives
Des méthodes efficaces mais non utilisées
Les recherches en contraception masculine sont menées dans 4 axes : l’inhibition de la spermatogenèse, l’inhibition de la fonction du spermatozoïde, l’interruption du transport du spermatozoïde, la prévention du dépôt de sperme dans le vagin
→ méthodes thermiques:
L’effet délétère de la chaleur sur la fertilité masculine est connu depuis l’Antiquité. Les méthodes thermiques tirent leur efficacité du fait que les testicules doivent être à une température inférieure à la température du corps de plusieurs degrés pour maintenir une spermatogenèse optimale. Lorsque cette fonction est altérée par le port de sous-vêtements serrés, par une température extérieure élevée, ou par une fièvre, la fertilité peut en être altérée.
Les méthodes de contraception thermiques n’entraînent généralement pas une azoospermie, mais diminuent assez le pouvoir de fécondation des spermatozoïdes pour avoir un effet contraceptif.
Les principales techniques de contraception thermiques comprennent : la réalisation de bains chauds répétés (supérieurs à 41°), la cryptorchidie artificielle (remontée testiculaire vers l’abdomen) et les sous-vêtements isolants en polyester (isolement thermique des testicules)
→ vaccins contraceptifs:
Le vaccin contraceptif aurait pour avantages : la facilité d’administration, le coût bas, une efficacité à long terme, mais la réversibilité reste hypothétique
→ contraception masculine hormonale:
Deux grands types de protocoles peuvent être distingués : ceux qui suppriment la spermatogenèse en utilisant la testostérone (la testostérone est donnée pour freiner l’axe hypothalamo-hypophysaire), et ceux qui utilisent une autre molécule pour freiner l’axe hypothalamo-hypophysaire (progestatif, analogue ou antagoniste de la LHRH …), associée à de la testostérone à visée de supplémentation.
L’Organisation Mondiale de la Santé a validé une méthode de contraception hormonale masculine très efficace mais très peu prescrite. Elle peut provoquer d’éventuels effets secondaires, assez semblables à ceux de la pilule.
→ pistes de recherche concernant les méthodes de contraceptions non hormonales:
Ces molécules sont actuellement en cours d’expérimentation chez l’animal : la N-butyl-déoxynojrimycine , les Indazoles ou les Indénopyridines. Avec 80 millions de grossesses non désirées chaque année dans le monde selon l’OMS, le développement de moyens de contraception masculine est, au même titre que l’accès à la contraception féminine, un enjeu majeur. En plus d’être un enjeu sanitaire et économique (marché de la contraception estimé en France estimé à 420 millions d’euros en 2019)
c’est également un enjeu social: l’avancée dans l’atteinte d’une égalité entre les femmes et les hommes. La recherche d’un partage de la charge mentale de la contraception-le préservatif, la méthode la plus utilisée
Aïda Tijani
Illustration : « hormonal contraception: the white hyperfeminization of The Pill » by Austin & Zak is licensed under CC BY-NC-SA 2.0
Sources:
Pilules contraceptives et risque de cancers – Traitements hormonaux
Chapitre 01 – Contraception masculine
pour en savoir plus sur les différentes méthodes de contraception disponibles: