Tous les élèves de l’option Cinéma AudioVisuel (CAV) et de la spécialité CAV du lycée Descartes se sont rendus à Meknès à l’occasion de la seizième édition du FICAM, le Festival International du Film d’Animation de Meknès qui a eu lieu du 17 au 22 mars 2017. L’occasion pour eux de rencontrer des réalisateurs, de pouvoir assister à des projections de films et de découvrir l’univers du cinéma d’animation.
Les élèves de l’option CAV ont notamment eut la chance de rencontrer Michel Ocelot, un réalisateur très connu dans le monde du cinéma d’animation pour ses films Kirikou, Princes et Princesses, Azur et Asmar. Assis à la même table que de nombreux élèves, il leur a livré les secrets de son travail, a évoqué son parcours, ses inspirations. Le monde de Michel Ocelot est une accumulation de voyages à travers des contrées lointaines, des paysages et des mondes merveilleux aux couleurs saisissantes et aux graphismes épurés et nobles à l’image de son dernier film Ivan Tsarévitch et la princesse changeante, sorti en 2016. C’est l’histoire d’une fille, d’un garçon et d’un vieux projectionniste qui inventent, dessinent, se déguisent et deviennent les héros de contes merveilleux qu’ils nous font partager. Enfant de l’Afrique ayant passé son enfance en Guinée, Michel Ocelot s’est inspiré des contes traditionnels de ce continent pour écrire ses films mais également de paysages qu’il a pu observer et de villes et de pays nombreux ; Maroc, Tunisie, Egypte, Turquie, et qu’il a tous visités. Il a levé le voile sur les zones d’ombre qui subsistent quant à la symbolique de ses films. Alors que toutes les générations sont amenées à les voir, même les plus jeunes d’entre nous, les personnages animés et les décors somptueux cachent souvent une triste vérité, un message fort que cherche à faire passer Michel Ocelot. Karaba la sorcière dans Kirikou, son plus éminent succès, n’aime pas les hommes et l’épine qui est plantée dans sa nuque n’est autre que le symbole d’une femme violée enfant, “d’un malheur qui dure à vie”.
Michel Ocelot a présenté son prochain film Dilili à Paris à travers une série de ce qu’il appelle des “images banquiers”.
Il lui aura fallu une semaine pour écrire le scénario du film et six ans pour le réaliser. Le film sortira en salle le 10 octobre 2018. Il raconte l’histoire de Dilili, une métisse canaque-française qui vit dans le Paris de la Belle époque et met en scène de nombreux personnages historiques et exceptionnels, comme Debussy, Pasteur ou encore Marie Curie, qu’il fait se rencontrer. Ce qui fait la particularité de ce film est qu’il mêle des photos réelles de Paris et de ses bâtiments et des images animées. Dilili, c’est pour Michel Ocelot « l’occasion de faire un film qui célèbre Paris », Paris à la Belle époque, Paris à l’époque de l’émancipation des femmes et de la liberté de la presse, Paris la cosmopolite, célébration qui lui tenait à coeur. Dans Paris, les petites filles sont enlevées et personne ne sait pourquoi. Dilili mène l’enquête et découvre une secte qui agit dans les sous-sols de la ville. Des couleurs pures, une esthétique inégalée et pourtant Dilili à Paris a été rejeté unanimement dans un premier temps mais c’est Paris qui a accepté Michel Ocelot et son projet. “Paris [lui] a ouvert ses portes”. Ainsi Michel Ocelot a pu visiter de nombreux musées (le Quai d’Orsay, le musée Rodin, le musée Carnavalet, l’Opéra et les égouts de Paris) et a pu y prendre nombre de clichés indispensables à son film. Michel Ocelot est également revenu sur l’ensemble de son oeuvre. Tous ses films débutent ou évoquent l’enfance car pour lui, “commencer par l’enfance, c’est beau et c’est plein d’espoir”.
“Mon secret, c’est que je ne fais jamais de films pour les enfants, car les enfants n’ont rien à faire de films qui sont pensés uniquement pour eux ! Il faut qu’en dix-huit ans, ils assimilent des millénaires de civilisation.”
Ces quelques lignes prononcées par Michel Ocelot résument bien la portée que peuvent vouloir donner les réalisateurs de films d’animation à leur oeuvre. Michel Ocelot, à plusieurs reprises, a expliqué voir ses films comme des récits d’apprentissage. Le cinéma d’animation s’adresserait donc à tous et permettrait aux enfants de se construire, de grandir et de comprendre le monde qui les entoure.
Yanis Tabyaoui, 1èreS3