Quel est le point commun entre votre téléphone, votre ordinateur, votre tablette, votre lave-vaisselle, votre console de jeux, votre voiture et biens d’autres objets connectés que vous utilisez quotidiennement ?
La réponse est plus petite qu’un grain de sable, je parle bien-évidemment des semi-conducteurs, un matériau capable de faire circuler l’information dans nos objets high-tech, sans lui impossible de faire fonctionner quoi que ce soit.
Petite ombre au tableau: le monde connaît actuellement une pénurie, sans précédent, provoquant des retards de fabrication de nombreux produits ainsi que des usines entières à l’arrêt ! De quoi s’interroger, pourquoi l’industrie est-elle devenue à ce point dépendante des semi-conducteurs ?
Un semi-conducteur est un matériau électronique dont l’industrie est devenue dépendante, et le plus surprenant c’est qu’il est minuscule, plus petit qu’un grain de sable (5 ou 7 nanomètre pour les technologies les plus avancées), ce matériau c’est probablement le silicium.
Cet élément chimique a la caractéristique d’être hybride: c’est-à-dire être soit conducteur d’électricité soit isolant. Ce principe, à la base de l’informatique, permet au semi-conducteur, sous forme d’une puce électronique, de jouer le rôle de cerveau de la plupart des produits high-tech en faisant circuler l’information.
En 2021, et même quelques mois avant, le monde connaît une pénurie de ce qui est devenu désormais son addiction: les semi-conducteurs. Plusieurs industries se retrouvent donc déstabilisées et les ruptures de stock peuvent parfois survenir.
Dans l’industrie automobile, par exemple, où les semi-conducteurs sont nécessaires dans les tableaux de bord et parfois dans les systèmes d’aide à la conduite. Volkswagen et General Motors ont été contraints de mettre à l’arrêt plusieurs sites de production dans le monde, tout comme PSA et Renault, qui ont arrêté certaines usines quelques jours.
Autre exemple, dans les jeux vidéos, le groupe Sony, s’inquiète pour sa nouvelle console de jeux la Playstation 5 (PS5), tout comme Microsoft avec sa nouvelle console Xbox.
Mais également, dans le secteur très lucratif des smartphones où de nombreux acteurs comme Apple et Samsung suivent l’état du marché des Semi-conducteurs de très près.
Toutes ces marques dépendent des semi-conducteurs produits par une poignée de grands groupes comme Intel, Samsung, Qualcomm qui fournit Apple, et surtout le leader mondial du secteur: la fonderie taïwanaise TSMC, méconnue du grand public.
Avec la multiplication phénoménale de nos objets connectés, le marché des semi-conducteurs s’est envolé au fil des ans jusqu’à atteindre 439 Milliards de Dollars en 2020, un secteur, vous l’aurez compris, titanesque, qui repose sur une poignée d’acteurs et dont voici les principaux pays producteurs:
Alors, comment expliquer cette pénurie de semi-conducteurs ?
Tout d’abord, vous l’aurez, sans doute, pensé: l’épidémie de Covid-19.
Au printemps 2020, des milliers de citoyens à travers le monde, se retrouvent confinés: le déploiement massif du télétravail et les dépenses des particuliers en produits électroniques de loisirs à la maison comme les jeux vidéos par exemple, vont faire bondir la demande mondiale de semi-conducteurs, créants des tensions sur le marché, tout comme l’essor de la 5G qui boostent les ventes de smartphones. C’est ce qu’illustre d’ailleurs les ventes de PC qui atteignent leur plus haut niveau en dix ans.
Pour l’automobile, le revers est encore plus dur. Au début de la crise sanitaire, le secteur inquiet pour les ventes de voitures ralentit la production, portant un coup d’arrêt à ses achats de semi-conducteurs. Les fabricants de puces vont dès lors se tourner vers le secteur des ordinateurs et des smartphones, alors en plein essor.
Résultat, lorsque l’automobile relance sa production, et donc ses achats de semi-conducteurs, les délais de livraison s’allongent car la fabrication de ce matériau peut prendre jusqu’à plusieurs mois. Le coût est sévère pour le secteur: jusqu’à 1 million de véhicules pourraient ne pas être produits dans le monde au 1er trimestre 2021, selon une étude.
Autre front où la situation s’est tendue: le front commercial. Dans le bras de fer qui opposait les Etats-Unis et la Chine, l’ancien président américain Donald Trump, a ciblé le géant chinois Huawei, devenant impossible pour ce dernier d’acheter des semi-conducteurs utilisant dans leur fabrication une technologie américaine. Le groupe va alors constituer des stocks.
Alors que les industries de hautes technologies sont dépendantes des semi-conducteurs, la bataille économique s’est depuis déplacée sur le terrain géopolitique.
Les grandes puissances économiques qui importent massivement des puces électroniques, veulent réduire leur dépendance en développant leurs industries, pour assurer, à l’avenir, leur autosuffisance.
Aux Etats-Unis, le président Joe Biden a signé, en Février, un décret prévoyant un passage en revue de plusieurs produits stratégiques, dont les semi-conducteurs, et leurs rôles dans les chaînes d’approvisionnement de l’économie. Il prévoit notamment de débloquer 37 milliards de Dollars pour encourager leur fabrication sur le sol américain.
De son côté, la Chine a fait de l’autosuffisance technologique la priorité de son quatorzième plan quinquennal présenté en 2021. Xi-Jinping fait fait des semi-conducteurs un sujet de la plus haute importance, alors que le pays importe l’écrasante majorité des puces qu’il consomme.
Enfin, l’Union Européenne avance sur un projet pour construire une industrie autonome dans la conception et la fabrication des semi-conducteurs. Une alliance rassemblant 16 pays pour laquelle 20 à 30 Milliards d’euros d’investissement seraient nécessaires, selon une estimation de la commission européenne, du moins pour commencer.
Si les chefs d’états et de gouvernements, font de l’autonomie industrielle dans les semi-conducteurs une priorité, c’est parce que l’enjeu concerne des pans entiers de l’avenir industrielle mondiale pour des produits du quotidien comme la voiture autonome, mais aussi et surtout, des secteurs sensibles comme l’aérospatial ou la défense.
Ahmed Amine