Maroc: entre traditions berbères et arabisation

Le Maghreb, littéralement “le Couchant” en référence au sens du coucher du soleil, réunit cinq pays nord-africains de culture arabo-berbère. La ligne entre les deux cultures se fait d’ailleurs de plus en plus mince, résultat de siècles de cohabitation et de mixité. Au Maroc, pays caractérisé par un taux élevé de descendants Berbères, on a vite fait de perdre le compte. Alors, les Marocains: Arabes ou Berbères? 

Pour tenter de répondre à cette question, revenons au VIIe siècle. Après la mort du prophète Mahomet, l’expansion de l’islam se fait jusqu’en Afrique méditérannéene. Les habitants natifs de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, parlant une langue étrangère, sont qualifiés de “barbarus,” soit de barbares. Toute résistance se révélant futile, ils finissent par se soumettre à la religion et à la langue des Arabes. A partir de là, une forme d’élitisme arabe est exercée, et les deux populations ne se mélangent pas. Deux siècles plus tard, le métissage de l’Afrique du Nord commence réellement, et la langue arabe est celle que l’on emploie dans les cercles intellectuels et chez les gens de cour. Les multiples dialectes Berbères sont alors influencés par l’Arabe, et la spécificité berbère commence peu à peu à s’effacer.

Il faudra attendre la fin de la colonisation française pour qu’un retour aux sources s’effectue. En 1956, lors de l’indépendance du Maroc, l’unité du peuple face à la nation colonisatrice se fait grâce à l’identité arabe, et toute diversité culturelle devient conflictuelle.  Ainsi continue le musellement des tribus berbères, et ce jusqu’au Printemps Berbère de 1980. Cette période de revendications pour la reconnaissance de la culture et de la langue berbère portera ses fruits: le berbère est défini, aux côtés de la langue arabe, comme langue officielle du Maroc et de l’Algérie. Aujourd’hui, les Berbères marocains se désignent par la langue Rifaine dans le nord-est, le Tamazight au centre et le Tachelhit au sud et dans une partie de l’Atlas. Les Imazighen –hommes libres– sont alors plus ou moins reconnus comme Marocains portant une culture à part entière. Pas à pas, le Maroc entamera une série de procédures afin de donner une voix aux Berbères, voix qui leur a longtemps manqué: enseignement du Tamazight à l’école primaire, création de l’Institut Royal de la Culture Amazigh…

Finalement, tenter d’étiqueter les Marocains comme strictement arabes ou berbères relève de l’impossible: le métissage, la diversité des appartenances ethniques et la mixité de centaines de tribus différentes font du Maroc le siège d’une culture riche, parfois complexe mais surtout très diverse. Les Marocains, ce sont donc Arabes, Berbères et tout ce qu’il y a entre les deux. Pour le reste, l’Histoire aura emporté avec elle le fin mot de nos questionnements.

El Falah Misk

Photographie de l’Ircam, Maroc. Wikisource

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